23 mars 2019

L’ÉLÉPHANT ASSALA, EMBLÈMATIQUE DU GABON, EST AUJOURD’HUI MIS EN DANGER PAR UN BRACONNAGE OUTRANCIER

L’éléphant du Gabon, également appelé Assala ou éléphant de forêt (Loxodonta africana cyclotis), est une espèce endémique du bassin du Congo et un des animaux emblématiques du Gabon. Avec ses 3 mètres maximum au garrot -2,75 mètres chez la femelle – et son poids relativement «léger» (trois tonnes tout de même), il est moins imposant que son «grand frère» l’éléphant de savane (Loxodonta africana oxyotis), qui mesure 3 à 4 mètres de hauteur et pèse de 5 à 7 tonnes pour les mâles. Autre différence : l’Assala possède cinq doigts et quatre orteils, alors que son confrère de la savane n’a que quatre doigts et trois orteils. Ses oreilles arrondies, qui permettent de réguler la température corporelle, grâce à une vascularisation très importante, sont de taille plus modeste que celle de l’éléphant de savane mais plus grandes que l’éléphant d’Asie. Ses défenses sont aussi plus fines. Elles sont plus grandes chez le mâle que chez la femelle. L’Assala du Gabon est réputé pour son mauvais caractère et sa vivacité. Il est capable de charger, surtout – dit-on – quand il a consommé de l’iboga, la plante sacrée du Gabon qui provoque chez les hommes et les animaux toutes sortes de visions… Quand on le croise à découvert, le plus souvent en lisière de forêt à la tombée de la nuit, moment où il aime sortir pour se rafraîchir, l’éléphant Assala prend rapidement ombrage et manifeste sa colère de voir un intrus sur son territoire en battant furieusement des oreilles. Si un petit est sous sa protection, et d’autant plus s’il s’agit de sa mère, alors le risque de se faire charger est bien réel. L’attitude des géants croisés au Kenya par exemple, au pied du Kilimandjaro, est bien différente. Là-bas, les convois de touristes y croisent des troupeaux de centaines d’individus qui marchent avec nonchalance, lorsqu’ils ne s’arrêtent pas tout simplement en travers de la route.

Les Assalas ont leur raison de se montrer ainsi méfiants envers l’être humain. Ils sont en effet menacés de disparition par les braconniers. L’ivoire des défenses, mélange de dentine et de substances cartilagineuses incrustées de sels calciques, fait en effet l’objet d’un commerce mondial lucratif.

Le braconnage a pris de l’ampleur entre les années 1970 et 1980, du fait de l’augmentation du cours international de l’ivoire. La plupart des Etats et les instances internationales ont alors interdit la circulation, l’exportation et l’importation d’ivoire. Depuis 1988 et dans la majorité des pays où il vit, l’éléphant d’Afrique est classé en Annexe 1 de la Convention internationale sur le commerce des espèces de faune et de flore menacées d’extinction (CITES). Mais son commerce illégal se poursuit.

En 1989, le nombre d’éléphants forestiers était estimé à 214 000, la majorité étant concentrée au Gabon, au Congo-Brazzaville et RDC. Aujourd’hui il est estimé à 80 000, dont la moitié vit au Gabon. Dans le cadre du Gabon Vert, un des piliers du plan pour l’Emergence mis en place par le gouvernement en 2009, le braconnage est combattu, mais reste difficile à éliminer. « Le Gabon était un pays stable pour les populations d’éléphants de forêt, mais la chasse a fortement augmenté depuis 4 ou 5 ans », a affirmé début 2013 le Pr Lee White, Directeur de l’Agence Nationale des Parcs Nationaux (ANPN). 20 000 Assalas auraient été tués ces dix dernières années, 11 000 dans le parc national de Minkébé (extrême nord) et environ 10 000 autres dans le reste du pays, d’après l’ANPN. À ce rythme, l’éléphant Assala aura disparu dans 20 ans…

ACTIF JOUR ET NUIT

Comme tous les pachydermes – mot latin qui veut dire «peau épaisse» – l’éléphant Assala a besoin de se baigner souvent. L’eau le rafraîchit et la boue protège son épiderme des insectes et du soleil. C’est pourquoi il affectionne les salines, appelées «Baï» par les pygmées, dans lesquelles il peut se baigner et lécher le sel dont il est friand. Les Baïs, comme celui de Langoué au centre du Gabon, sont ainsi des lieux où il est facile de les observer, en train de s’asperger, ou de se rouler dans la boue. De gris, il devient alors tout noir. Les Assalas aiment y passer la nuit. Ils dorment par période de une heure ou deux heures, le plus souvent debout. Les baïs sont aussi le lieu de nombreux actes sociaux : saluts, échanges divers, jeux des petits, appels divers par sons ou ultra-sons, accouplements.

Au matin, ils rentrent au couvert de la forêt pour y glaner leur nourriture à l’abri de la chaleur. L’Assala consacre 16 à 20 heures par jour à la recherche de nourriture. Chaque éléphant mange 5 % de son poids par jour. Il peut se dresser sur ses pattes arrière pour attraper avec sa trompe les rameaux les plus tendres. Malgré la quarantaine de mètres d’intestin qu’il possède, sa digestion est peu efficace. Elle dure d’un à deux jours, 40 à 60 % de la nourriture n’étant pas digérée.

L’éléphant est herbivore, il mange une grande variété d’éléments végétaux : herbes, plantes, feuilles, fruits, racines et tubercules, écorces et même du bois. Certaines espèces d’arbres sont dépendantes de l’éléphant : celui-ci, friand de leurs fruits, en dissémine les graines avec l’excellent terreau que constitue son crottin, capable de contenir jusqu’à 35 % de graines. Mais l’éléphant dépasse parfois les bornes en ravageant les plantations, mettant à mal ses bonnes relations avec les humains…

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